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Le tatouage

Mardi 5 novembre, nous sommes allées à Villastattoo, une boutique de tatouages « traditionnels thaï » et de piercing afin d’y interroger Mlle Dolata, qui travaille à son compte comme son mari, mais dans un seul magasin.

Depuis quand votre magasin est-il ouvert ?
Mon mari avait ouvert une boutique un peu plus loin il y a quatre ans mais il a déménagé et je suis arrivée quand il a ouvert celui-ci, en juillet 2002.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire cette activité ? D’où vous est venue l’idée ?
En fait, je n’étais pas vraiment intéressée par le tatouage avant de rencontrer mon mari, qui tatoue depuis plus de 35 ans. Je sais qu’il existe une formation pour être tatoueur qui dit qu’en une semaine, tu es prêt, mais c’est complètement faux : même après plusieurs années, j’apprends encore. La seule manière de le faire c’est de rester auprès d’un maître.
Pouvez-vous nous parler de votre activité ? Combien de tatouages effectuez-vous en moyenne par jour ou par semaine ?
Ca dépend. Pendant les grosses semaines, à nous deux, nous pouvons tatouer entre 5 et 10 personnes par jour.
Combien de temps prend-on pour faire un tatouage ?
Cela dépend. Ca peut durer un quart d’heure ou bien prendre quinze séances.
Cette activité est-elle saisonnière ? Quelles sont les périodes creuses et les périodes « chaudes » ?
Les périodes creuses sont plutôt en octobre-novembre et aussi fin juillet (les gens n’ont plus d’argent après les vacances !). Beaucoup de personnes viennent se faire tatouer avant l’été ce qui est pourtant déconseillé car le soleil brûle les plaies.
Il y a dons des risques d’infection ?
Lorsque la personne est malade, il y a en effet des risques mais on évite de le faire. Il existe aussi des allergies à l’encre rouge. Mais à part cela, vu que nous utilisons des aiguilles à usage unique et des gants en latex, il n’y a pas de risques. En fait, quand nous avons des clients atteints de maladies graves comme le SIDA par exemple c’est plutôt à nous de faire attention, car souvent, on se pique avec les aiguilles.
Quels sont les avantages et les inconvénients du métier ?
Les bons côtés, ce sont surtout le contact rapproché avec les gens : on parle d’abord, comme on le fait maintenant, mais aussi après quand on tatoue ; mais il ya aussi du plaisir artistique. J’ai de la fierté de savoir que des personnes portent mon art sur elles. Quant aux mauvais côtés, il n’y en a pas vraiment : j’ai de la chance d’avoir un métier qui me plaît ! Enfin, il y a parfois des gens bizarres… Il y a aussi un gros travail de stérilisation et de nettoyage.
D’après ce que vous observez, qu’est-ce qui motive les clients pour faire un tatouage ? Est-ce plutôt un acte réfléchi ou spontané ?
La motivation principale, c’est la mode. Les clients viennent après réflexion ou spontanément : c’est partagé.
Quelles sont les significations du tatouage pour eux à part la mode ?
Certains veulent se donner un genre, pour d’autres, c’est le symbole des morts. Il n’y a pas longtemps, une vieille dame est venue se faire tatouer le portrait de son fils mort. Sinon, moi, je faisais aussi des concours à celui qui en aura le plus…
Quelle est la moyenne d’âge, selon vous, de vos clients ?
Mes clients ont entre 15 et 65 ans généralement. Je tatoue à partir de 14 ans avec l’accord parental : avant, je trouve que c’est trop tôt. Mais certaines boutiques ne le font qu’à la majorité. Pour le piercing, il y a quand même plus de jeunes, mais le tatouage se fait à tout âge.
Y a-t-il plus de garçons ou plus de filles ?
Je pense qu’il y a plus de filles.
Vous avez une activité de piercing-tatouage, quelle est la plus rentable ?
C’est le tatouage.
Quel positionnement avez-vous choisi quant à la qualité et au prix ?
Pour moi, la qualité est primordiale. Je trouve que nos prix sont corrects : nous ne sommes pas les moins chers du marché mais pas les plus chers non plus.
Combien dépensez-vous en matériel ?
Nous avons un fournisseur français puisque les normes sont françaises, ou européennes je ne sais plus. Cela nous coûte environ 5000 euros par an pour le tatouage (compresses, aiguilles, encre…) et 6500 euros pour le piercing. Bien sûr, j’ai un comptable pour faire mes comptes : moi, je trie juste les données au fur et à mesure ; à la fin de l’année, je lui amène tout et voilà. En quantité, j’achète environ 700 piercing par an, pour vous faire une idée.
Investissez-vous dans la communication ? Si oui, que faites-vous ? Sinon pourquoi ?
Les deux premières années, on a investi dans la communication environ 10000 euros par an, mais maintenant notre seule publicité c’est les pages jaunes et les cartes de visite. Sinon, c’est le bouche à oreille. On offre aussi des autocollants aux clients, mais cela ne nous coûte pas cher : 500 euros pour 100 autocollants pour un an, et puis ça fait plaisir.
Pouvez-vous nous dire si, au fil des années, votre chiffre d’affaire est constant ou s’il a augmenté, etc… ?
Chaque année, ça augmente bien pour le moment.
Est-ce que vous tatouez beaucoup de « récidivistes » ?
Oui, beaucoup de clients reviennent.
Sur quelles parties du corps tatouez-vous généralement ?
Les plus fréquentes sont l’omoplate, le bras, les pectoraux, les chevilles… et pour les filles, le fameux bas du dos ! En fait presque partout, quoi. Le plus dur à tatouer sont les endroits où la peau n’est pas tendue, où il y a plus de graisse… Je ne tatoue pas le visage, car je sais qu’ils vont le regretter. Des cas particuliers ? Il m’est arrivé une fois de tatouer à l’intérieur des lèvres ; certains se font tatouer la langue. Les fesses, souvent. Mais le point négatif, c’est l’hygiène de certains clients : une fois, on a dû laisser les portes ouvertes pour faire un courant d’air tellement il puait !
Vous demande-t-on des tatouages religieux ?
Non, pas trop. Le plus souvent, nous tatouons du tribal.
Y a-t-il des lois, des règles d’hygiène à respecter ?
Je trouve que les normes ne sont pas au point. Par exemple, il n’y a pas longtemps, le service d’hygiène est venu contrôler : eh bien ils ont pris rendez-vous avant ! Ils nous ont aussi demandé de mettre le nettoyeur dans une autre pièce que celle où on tatoue : moi, je pense que le fait de voir comment nous travaillons rassure les clients, mais bon. Et encore, ils ne sont pas exigeants, et surtout mal informés : ils ne savaient même pas qu’il y avait plein de tatoueurs à Saint-Etienne ! En fait, ils ne contrôlent que les magasins déclarés : ils devraient plutôt aller voir les autres. D’autre part, il n’y a aucune loi sur le tatouage, qui n’est même pas reconnu comme un métier : on n’a pas de responsabilité civile, ce qui est un peu bizarre.
Vos modèles, est-ce que ce sont vos clients qui les amènent ?
Non, malheureusement, ils prennent souvent ceux qui sont déjà là et ce sont souvent les même qui reviennent.
Avez-vous d’autres choses à nous dire ?
Je ne sais pas si ça vous intéresse mais il n’y a pas longtemps j’ai reçu une lettre qui m’informait d’une réunion prochaine (sûrement en janvier) entre tatoueurs et médecins pour parler justement, des normes d’hygiène.

 

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